La Dive oublie Deauville

Surprise, étonnement, interrogation… En découvrant le programme de la Dive au Off (Omnivore Food festival) : 30 vignerons seulement! Bursin mais pas Binner, Lapierre sans Richaud, mais où sont les piliers Plageoles, Valette, Issaly, Sénat ? Reste bien Selosse, Jousset et quelques fidèles. Mais dans cette immense salle frigo qui leur est réservée, sur ces grandes tables réalisées pour eux, ca va faire un peu vide. Cela fait trois ans que ce salon de vins natures a décidé de déménager au sein d’un festival de cuisine. Impulsé par Sylvie Augereau, ce salon avait décidé de venir à la rencontre des chefs parce que cette « jeune cuisine » pouvait faire écho à cette démarche nouvelle dans la vigne. Parce qu’il est pour tous question de bon. Le Havre puis Deauville parce que s’il en est, les cartes de ces tables défendues par Omnivore étaient susceptibles de les accueillir. Face à cette cuisine qui défend le produit, ces vignerons terroir pensaient trouver forcément écho. Mais voilà, les chefs cuisinent et les vignerons vigneronnent… Les étoiles ne veulent pas forcément entendre le glou glou biodynamique.

Au final, cette grande cuisine qui ne parle que générosité, amour et plaisir a eu bien du mal à franchir les portes du hall de la Dive, cantonné dans son carcan de fouets et de bruits de casseroles. Fuyant sans doute cet extrémisme Deux milieux faits l’un pour l’autre qui pourtant n’arrivent pas à se comprendre. Les uns trop politiques les autres sans convictions. Trop de désordre dans ce monde culinaire bien à table. Quelques puristes – Cedric Denaux, Patrice Gerlbart, Inaki Aizpitarte – et autres ouverts d’esprit – David Zuddas – ont pris le mouvement. Les autres ne remarqueront sans doute pas que cette année, au OFF 5, la Dive a quasiment plié bouteille.

Dive Bouteille | Château de Brézé | dim 31 janvier | 10h-20h | Entrée 10€

A voir et lire aussi

Nikon ni soumise… photos dans les vignes

Vins nature(ls)

Le vin au naturel : La viticulture au plus près du terroir    François Morel. Ed Sang de la Terre

Guide de l’amateur des vins naturels : Vignerons et adresses parisiennes    Dominique Lacout

Loïc Roure, Dominique Hauvette, Peter Fischer, Laurent Cazottes seront tous ce dimanche à Brézé, en famille ! Une Dive comme avant, entre eux…

Le texte de Sylvie Augereau sur le retour aux sources :

La Dive Bouteille revient aux sources de la Loire.

Parce que le fleuve, c’est sacré.

Parce qu’on a tous quelque chose en nous de Tennessee.

Parce que les racines, c’est bon pour la minéralité.

On se comptera tous à Brézé le 31 janvier.

DB spirit

La tendance actuelle cataloguera ces vignerons de « nature » sans avoir préalablement défini les règles du jeu. Si le cahier des charges interdit les levures de vinification en sachet et limite les doses de sulfites au minimum digestible, alors les voilà estampillés. La plupart sont bio, parce que c’est le chemin du bon, mais ils vont désormais bien plus loin. Alors que la législation européenne vient d’autoriser la pasteurisation du vin bio, ceux-là revendiquent haut et fort le vin vivant et animé.

Esprit de contradiction

On demande à la viticulture d’enfler. Ces vignerons-là sont de plus en plus petits. On lui demande de produire plus. Ceux-là en font le minimum. On lui demande de mécaniser. Ceux-là manuellisent. On lui demande d’aseptiser. Ceux-là font du vin cru. On lui demande de truquer. Ceux-là vont s’énerver. On leur demande de se taire. Ils sont de plus en plus nombreux. Des hurluberlus qui se contentent de quelques hectares à travailler comme un jardin et font revivre des villages. Rien qu’à Latour de France, au bout du monde, des Loïc Roure, des Cyril Fhal, des Edouard  Laffitte qui ne souillent pas l’eau communale. Dans un pays leader européen de la consommation de pesticides…c’est pas des manières !

Esprit sain

La plupart sont jeunes. Les plus mûrs n’hésitent pas à faire la place belle à la relève, quitte à prendre un coup de vieux. Antoine Arena partage son aura à tout va. Marcel Richaud parraine son jeune voisin Antoine Joly. Bernard Plageoles a chaperonné le pimpant couple Le Bihan…Les grands noms ont toujours fait profiter les petits dont certains sont déjà devenus grands. Et ça continue à faire des petits. Alors ça rentre plus. Alors ça tourne, ça s’en va, ça revient…Come back de François Grinand, Anne-Marie Lavaysse, Frantz Saumon, Eric Morgat et notre Yvonne Hégoburu…

Esprit d’ouverture

Car ce monde-là n’est pas une secte. La famille s’agrandit chaque année de pièces rapportées non-estampillées. Jean-Christophe Bott, Pierre Larmandier, et Patrick Rols y feront notamment leur entrée. On y verra même des étrangers, parce qu’il y en a de plus en  plus dans le monde : des vins chiliens et espagnols…fais par des Français quand même (Olivier Rivière et Matthieu de Genevraye) mais par des imprononçables aussi Gian-Marco Antonuzi, Luis Arnedo et Luca Roagna pour la première fois. Et puis du cidre parce qu’y a pas que le jaja dans la Dive : celui de Julien Frémont. Et encore les spirituelles eaux de vie de Laurent Cazottes. Et puis aussi de vraies bières des frères Hardouin du 41. Et même des cafés natures d’Hypolyte Courty…..

Quant aux petits nouveaux, y’en a trop ( Sarnin et Berrux de Bourgogne, Nicolas Rousset du Macônnais, Cunin et Fargier d’Ardèche, Philippe Wies de Maury, mais  bien plus encore en Loire : la Grange aux Belles, Joseph Paillé, Benoît Courault, Nicolas Bertin, Luc Sébille, Noella morantin, Grégory Leclerc, Alexandre bain, les Pialoux du Picatier…. Et on ne compte pas ceux qui viennent juste pour voir les autres, boire un coup, se régénérer, ils comptent beaucoup.

Esprit jovial

Tenue correcte refusée. On n’est pas là pour philosopher sur le sang du christ et la pertinence du classement de 1855. Taratata. Le vin, ça se boit et ça se partage sans tralala. Ces vignerons-là n’ont rien à cacher, ils oublient même parfois de cracher et ils ne servent pas la grand messe des sermons tarabiscotés pour embrouiller le clampin qui doit continuer de penser que le vin c’est compliqué. On ne croit que ce qu’on boit.