Fête de la bouffonnerie gastronomique

fete-de-la-gastronomieAu cas où vous ne l’auriez pas notée, c’est aujourd’hui la fête de la gastronomie! C’est vrai qu’ un million d’emplois, 145 Mds de chiffre d’affaires, 13,5% des dépenses touristiques étrangères, ça passe assez inaperçu… C’est pourtant « un projet stratégique pour la France« , nous dit-on. Ces trois jours d’agapes festives sont en effet dédiés à « notre culture, nos savoir faire, notre patrimoine, notre identité » et se déroulent pour la 1ère fois de cette 4è année de célébrations culinaires, sous le haut patronage de l’Unesco. Il faut dire que notre patrimoine culinaire est mondialement aussi connu que la Tour Eiffel. Nos compétences en la matière sont immenses. Elles vont « de la fourche à la fourchette« , rappelle Carole Delga, la secrétaire d’Etat au Commerce et Artisanat. Il fallait bien du coup, pas mois de trois Ministères (Agriculture, Économie et Commerce, artisanat) pour chapeauter l’événement. Bercy héberge pour cette grande fête nationale une équipe d’une petite dizaine de … stagiaires ! Le budget est colossal: 100 000€! Les actions dingues: quelque 8000 events parmi lesquels la célébration de la chouquette, des démo de cuisine internationales … au Kazakstan, ou la mobilisation des buralistes sur la question du bien manger. Le soutien est immense: 1500 followers sur twitter (j’en ai presque 4000). Les chefs se bousculent pour être partenaires : six ont mis leur nom sur la liste officielle, tellement nombreux qu’on a en a doublé certains pour grossir les rangs! On a dépêché Guillaume Gomez, le chef de l’Elysée, pour montrer le caractère officiel de ce grand rassemblement national. A charge pour ce chef symbolique de créer un plat emblématique, un vrai geste d’envergure dont on se souviendra comme l’événement gastronomique 2014 : des petits pots! On pourra les déguster ce dimanche au Parc de St Cloud. Voilà de quoi riposter dignement à ceux qui nous menacent: les rosbeef! Car la ministre a bel et bien pointé du doigt notre ennemi gastronomique n°1: les 50 Best, ce « mouvement qui essaie de décrédibiliser la gastronomie française« . Les 50 Best? C’est 136 pays impliqués, le meilleur des 50 restaus du monde, 62 000 followers et un million d’euros de budget (financé par San Pellegrino). Sans ligne éditoriale, sans conduite de projet, sans réel engagement politique, sans partenaire solvable (pour exemple, le CNIEL, un gros partenaire potentiellement intéressé par l’événement, a été contacté mi août par un simple courrier), tentons donc de sauver la gastronomie française. Prenez les armes camarades d’assiettes. A vos petits Blédine !!!

Pour avoir d’autres avis, réécoutez notre débat sur la Fête de la gastronomie à France Inter dimanche dernier