Cocktail: à bord du Sidecar

sidecar-competititon-merletLa Paris Cocktail Week a mis hier ses charentaises. Les cognac Merlet organisent chaque année dans son fief une finale de barmen autour du cocktail emblématique régional: le Sidecar. Les 5 finalistes des éliminatoires européens ont eu la punition de venir se départager dans le berceau de la motocyclette. Pour se faire, ont été invités à trancher dans les vapeurs d’alcool, deux journalistes  – François Monti et moi même – et le MC du cocktail, Tony Conigliaro (qui est à Merlet ce que Robuchon est à Fleurie Michon). Alors, élire le meilleur Sidecar de l’année, comment ça se passe?
On procède d’abord à des éliminatoires par pays entre quelque 300 candidats. A l’issu de ces compétitions, 5 Sidecar et leur sidecaristes sont retenus pour concourir à Cognac : Vincent Johansson (Miss Clara à Stockholm), Mike Foster (69 Colebrooke Row à Londres), Maxime Pezzoni (Mary Céleste, Paris), Christian Schmidt (bar du Mandarin Oriental à Munich) et Santiago Ortiz (Bobby Gin à Barcelone). Là, après réalisation de ce cocktail + une autre création improvisée à partir d’ingrédients imposés, un seul  est retenu pour partir à la nouvelle Orléans, aux Tales of the cocktail, les Oscar du drink. Hier, l’équipe a commencé par manger des Kinder. Dans les œufs jaunes, des numéros. Le 1 tombe sur la Suède . « Damned, je le savais« , se désespère Vincent. Mauvaise place en effet: le palais du jury n’est pas encore fait, pas encore à ses verres, le concours opère ses derniers réglages. Suivent les ingrédients imposés: rhum + pêche pour 3 candidats sur 5… Mais qui a oublié de mettre la cachaca, le cassis, l’abricot, le café dans les poussins ? Après ça, encore une heure pour réfléchir, faire briller les verres rapportés précieusement des pays voisins, slicer les agrumes, préparer les ingrédients. « Nous travaillons comme en cuisine« , racontera le suédois en faisant goûter un vinaigre de champagne et un caramel de Chartreuse, « la différence c’est que la cuisine a une très longue histoire expérience« . Chacun a ainsi apporté ses fioles maison: chocolats remplis de groseilles à maquereau pour Christian, ses nourritures à mixer (thym frais pour Mike) et ses liqueurs faites maison (sirop de capillaire pour Maxime)
16h. C’est parti. 6 mn pour faire 2 cocktails + 1 pour se présenter et dans 60mn il n’en restera qu’un. Les uns maîtrisent show et technique, d’autres tremblent leurs centilitres, les cuillères cliquettent en parkinson sur le verre, le speech pourtant maintes fois répété se fait la part des anges, les gouttes perlent au front Côté jury, on observe, renifle, goûte, regoûte, analyse et note. Présentation, convivialité, technique (le double shake de Vincent = +1 pt mais l’arrosage de la scène à l’ouverture du shaker = -2, etc),  visuel, arômes, équilibre et la mise en avant des produits Merlet (mais la maison est honnête, le critère ne compte que pour 3% dans la notation)….Les prix c’est comme la bourse Lauga dans la presse, le club regional au foot ou le Bocuse d’Or au Sirha, jeune, tout le monde en fait pour se faire connaître, espérer gagner le soutien des marques pour une ouverture et montrer sa belle gueule de jeune aux grands. On stresse un bon coup mais « ça fait du bien à l’ego« , confirme le vainqueur 2014. Entre les 2 derniers, le vote est serré. Il ne tient qu’à un zeste. Vincent Johansson maîtrise totalement le sujet, Mike Foster a mieux raconté l’histoire. « Tous les cocktails auraient tenus une carte de bar« , conclue Luc Merlet avant de lancer: « Miky is sidecar 2015« .