J’ai ouvert un bar à Baghdad!

cocktails-spirits-baghdad-country-clubLa grande rencontre de ce Cocktails Spirits 2015 , c’est celle avec James Thornett! Anglais d’origine, spécialiste de sécurité militaire, ce type de 42 ans qui en parait 10 de plus a ouvert le vrai Baghdad Café! Le seul bar qui dans les années 2005.2007 vendait de la Corona et du Johny Walker à tout Baghdad. Le type qui a essuyé bombes, missiles et tireurs embusqués, juste pour une bière! Voilà son histoire:

« Je suis un pauvre type qui s’est trouvé au mauvais endroit. En 2003, j’étais à Baghdad comme conseiller de sécurité auprès de l’ ONU. Un jour, coincé à l’aéroport de Dubai, je rencontre un type qui détient le duty free de l’aéroport de Baghdad et qui veut passer des marchés avec la zone verte de la ville, la zone sécurisée où vivent tous les occidentaux. Il a besoin des habilitations de sécurisation nécessaires. La zone verte, c’était 30 km2 pour 30 000 expat. C’était un peu le Dubai actuel. Mais en fait, à cette époque Baghdad était hyper dangereux. Baghdad, c’était une zone de guerre hyper stressante. Il y avait énormément de kidnappings, tout le monde avait envie de destresser. A cette époque, les seuls restaus et « bars » de la ville c’était rien: un entassement de palettes avec 3 chaises toutes défoncées, qui servait 2 bières et on disait que c’était un bar.
Finalement, le type de Dubai a débarqué avec un stock, à charge pour moi de le faire passer dans la zone sécurisée. J’ai acheté une boutique. Un soir par semaine, on faisait open bar. On buvait des coups avec le ministre de l’intérieur. Le lieu servait de bar à toute la zone. C’est comme ça qu’est né le Baghdad Country Club !

Les camions arrivaient à la frontière, je transférais dans un autre dans la zone verte, puis je vendais en gros. Un jour, le convoyeur s’est pris une balle dans chaque rotule. On ne savait pas si on était dans la légalité ou l’illégalité jusqu’au jour où le chef de police m’a donné l’autorisation à condition de pouvoir venir dans le bar. Le Baghdad Country Club c’était le bar de la picole illégale. J’ai fini par recevoir le feu vert des Américains le jour où j’ai retrouvé le sapin de Noël perdu dans la ville que l’ambassade du Kurdistan leur avait offert et qu’ils s’étaient fait piqué. On a fini à l’ambassade, au karaoké avec l’ambassadeur complètement bourré. Ils ont dit que le Baghdad Country Club avait sponsorisé la sapin de Noël.

J’ai ensuite racheté une maison à 200 000$ cash, apportés dans un grand sac. On a mis un bar et des sols en marbre. Le 1er soir, on a commencé à 17h à deux, à 19h30, on était 350! Ce soir là, on a vendu 100$ le dernier quart de Martini! Personne n’entrait armé, pas même le même le général de l’OTAN!  Rapidement, toute la ville a été au courant du Baghdad Country Club. On avait du Talisker, des whiskys de marque que n’avait pas sur le marché local; et surtout de la bière! On se faisait 16 à 25000$ par jour.

Il fallait  une semaine entière pour planifier une seule livraison. Pendant le ramadan, on stockait 30 jours d’alcool. Ce qu’on faisait, bien sûr, c’était un peu délicat; des militaires Us bourrés, au Vietnam, on a vu ce que ça donnait. Et puis on était une cible facile pour les attaques suicides… Le FBI a fini par nous déclarer persona non grata. Ils ont fait une descente; on a tous été expulsés du pays dans les 24h… »

Désormais, James Thornett sirote des cocktails à Bélize où il monte un eco lodge. Il a vendu les droits de son histoire à Robert Downey Jr qui doit faire une série pour HBO l’an prochain….