Pêcher-Manger

recits-et-recettes-du-ressacLa pêche à pied c’est un peu le retour à l’âge des cavernes. Se mettre sur ses deux pieds pour aller chercher sa nourriture dans la nature. Vous avez aimé le couper-foutre? Vous allez adorer le pêcher-manger. En 2017, ce sentiment de nourriture primaire a quelque chose de terriblement jouissif. Les pieds dans la vase, ce sable noir visqueux entre les doigts de pieds, on arrive malgré tout à saliver en vue des vongole qui n’auront jamais été aussi bonnes. Reste qu’équipé de ses bottes et de son arpiot, le baignassoutte se trouvera bien embêté devant ce banc de sable vidé de sa mer. Car, la pêche à pied, c’est comme les champignons: « il faut connaître les bons endroits« . A moins qu’il ait pris la peine de passer en librairie  s’équiper auparavant des Récits et recettes du Ressac que ma belle maison d’édition a eu la bonne idée de publier quelques jours avant le départ des juilletistes. Car « il ne suffit plus de se baisser pour pêcher« , prévient son auteur, Patrick Cadour. Encore faut-il savoir que les bigorneaux nichent particulièrement dans les concessions agricoles (car les professionnels en sèment dans leurs claires pour limiter le prolifération d’algues), que la bernique se décolle en une fois, ou jamais, que la plus belle coque se pêche au printemps, dans un sable fin et que la taille de capture de la palourde est de 4 cm. Voilà aussi un livre qui conforte les partisans de la mer en version serviette. Car on y apprend par exemple qu’il faut accumuler pas moins de 4kg de berniques pour espérer en faire un ragoût! L’amateur de marées aura donc aussi plaisir à tout simplement lire bien tranquille allongé, ces récits de marées descendantes sobrement et élégamment illustrés de dessins de coquillages. La parfait livre de chevet de plage qui nous fait comprendre un peu mieux tous ces petits personnages flous que l’on voit très très loin sous le parasol au bout de ses pieds.
Et comme « manger ce qu’on a soi même pêché reste la première motivation du bassier« , Patrick Cadour a aussi prévu dans son livre de petites recettes toutes faciles qui montrent souvent d’autres façons d’apprêter coquillages et crustacés. Méprisant de la mayo dont il ne donne d’ailleurs même pas la recette, Cadour prône le feu sur l’eau. Les partisans de la pêche chez le poissonnier ont donc eux aussi intérêt à lire ce livre d’un spécialiste de la cuisine de la mer. Ils y découvriront comment changer du bulot mayo via la brochette, ouvrir les coques sur BBQ, pratiquer le couteau à la braise et l’oursin à la coque ou encore se faire une tartine de bigorneaux à l’andouille. A l’image de cette pêche des braves, ce met délicat est une épreuve de patience infinie. La sieste est avancée.

 Récits et recettes du Ressac. Patrick Cadour. ed de l’Epure. mai 2017. 19€