(re)découverte de la Cantinetta

En 4 ans, la Cantinetta est devenue la référence marseillaise des restaurants qui dépotent. Sans réservation, inutile de se fatiguer à grimper la côte. Et même un coup de fil ne vous garantira pas un 2è service. Oui, la déco est sympa, la population simple, le service gai, la carte alléchante et la terrasse unique. Mais encore?

Qu’est ce qui fait que la Cantinetta aligne les 150 couverts les jours d’été, en refuse une centaine ceux d’hiver et cartonne dans un quartier – le Cours Julien – connoté baba cool ? Pour ma part, j’ai longtemps refusé de me plier à cette facilité marseillaise de payer 15€ un bon plat de pâtes sauce tomates. Mais voilà….

Voilà que j’ai dû aller interviewer Pierre Antoine Denis pour le Miam (à lire bientôt). Ecouter le serveur m’expliquer la carte avec appétit, ingrédient à ingrédient. Patienter devant un plat de rigatoni : à peine cuits – comme je les aime depuis qu’un italien m’a expliqué ça – brousse, parsemés de menthe sèche. Attendre au bar face au sourire rouge coquelicot de Stéphanie. « Ben moi j’ai fait Sup de Co et je n’avais pas du tout envie de revenir à Marseille » m’explique-t-elle en essuyant les verres et racontant que ce matin, le menuisier, au lieu de réparer, a emporté les portes des toilettes… Guetter Pierre Antoine poser son tablier , mais à 14h, on venait encore manger… Puis, comprendre.

36 ans et passionné depuis tout petit de cuisine dans un milieu plutôt rétif à la cuisine. Un fou furieux d’Italie, cette cuisine minute et de produit capable de vous faire la cartographie culinaire de la botte. Au sous sol de la Cantinetta vieillissent une dizaine de jambons de Parme que Pierre Antoine va chercher à Langhirano – parce qu’à Parme, on ne fait pas de jambon ! – tous les deux mois. Dit un léger accent marseillais, la planche à pâtes fraîches est, comme il se doit, « en sole ». ??? Ah, en saule ! Dans un papier épais, deux noix de culatello di Zibello viennent d’arriver. Un jambon d’exception servi avec parcimonie dans les plats, tel quel aux connaisseurs prêts à y mettre le prix.

Car la Cantinetta joue double. D ‘un côté tomate mozza toute l’année (pour ceux qui se préoccupent peu de savoir que la tomate ne pousse que du printemps à l’automne). De l’autre, des produits d’exception servis aux tarifs en vigueur pour la rareté. Voilà une économie du restaurant justement pensée.

D’ici un an, la Cantinetta sera à quelques minutes du Mama Shelter dont je vous ai signalé l’arrivée. Déjà bourrée, la Cantinetta va s’arracher.

La Cantinetta | 24 Cours Julien | 13006 | 04 91 48 10 48 | F sam midi, dim

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