Mesa Barça

Philippe Regol, mangeur hors pair,  dégusteur ultra cultivé, est journaliste à Barcelone depuis 30 ans.

Quand je lui ai demandé de parler ici de sa vision de Barca, il m’a répondu qu’il n’était pas un fan de foot ;-)

« Voici une petite liste de lieux, qui sont mes préférés, non exhaustive car subjective. Mais qui prétend élargir un peu les possibilités à Barcelone.

Ces 15 dernières années, la Catalogne et Barcelona, sa capitale, ont fait des progrés énormes au point que certains des meilleurs restaurants du monde sont maintenant dans cette région (le Bulli bien sûr, mais aussi le Celler de Can Roca à Gérone, le Sant Pau à Sant Pol de Mar ou Can Fabes à Sant Celoni).

Curieusement, à Barcelone, il n’y a pas de cuisiniers qui se réclament de ce que en France on appelle la “cuisine molléculaire” et que ici, Ferran Adriá et les autres appellent “cuisine d’avant-garde”.

Pour les amateurs d´étiquette, il faudrait plutôt parler d’une Jeune Cuisine Barcelonaise, décomplexée et ouverte, marquée par l’hetérogénéité.

Certains cuisiniers de la jeune génération utilisent bien sûr de temps en temps des techniques mises au point par Adriá ou Joan Roca. Mais ces nouvelles techniques, texturisants ou additifs, ne sont à aucun moment le centre de leur discours culinaire, qui est toujours centré sur le produit de qualité et sur le goût.

Certes il y a quelques exemples d’un certain “jeu” visuel avec les aliments – plats “trompe l’oeil”, paysages, création de nouvelles texturas comme l’azote, etc – mais justement ce n’est pas à Barcelone, qui n’est qu’à 120 km du Bulli, que l’on trouve ce genre de cuisine.

Il y a a même un retour à une cuisine traditionnelle catalane, qui avait été abandonnée ces dernières années au profit d’une cuisine prétendument plus “créative”. Et ce sont justement des cuisiniers de la jeune génération qui montent ces restos “sous-marques” où l’on dégustent des fricandeaux, des croquettes (mais quelles croquettes! Voir celles de Vivanda, par exemple) ou des poulets fermiers à la Catalane.

De plus en plus, c’est le produit qui préoccupe ces cuisiniers, plus que la mise en scène exubérante  des techniques, qu’ils dominent presque tous à la perfection d’ailleurs.

Mais ne vous attendez pas non plus à une cuisine banale. Certaines cuisines, sans correspondre peut être à l’image que pourrait se faire le client français ( qui s’attend à une nouvelle cuisine catalane extravagante et hardie), vous surprendront très agréablement par leur originalité “tranquille”( Alkimia, Coure, Gresca, Hisop, Comer24…) sans parler d’Espaisucre, où Jordi Butron applique au monde des desserts, toute une créativité que l’on réserve habituellement à la cuisine salée.

L’important dans cette histoire , c’est de ne pas se tromper d’endroit. Être conscient que l’on va à un restaurant de cuisine moderne/créative (Coure), à un restaurant de “nouvelle cuisine traditionnelle” (Vivanda), de cuisine marinière populaire (Cal Pep), de tapas (Inopia), de neotapas innovantes (Comerç24), etc.  Il y a un moment pour tout et le touriste curieux essaiera de goûter à tout, car la Barcelone  gastronomique, loin de certains lieux communs, c’est un peu tout cela à la fois. J’attends vos commentaires pour pouvoir enrichir cette vision de la ville que je vous propose, d’une métropole merveilleuse, à visage humain, qui a su me séduire définitivement il y a déjà plus de 30 ans. »

A suivre |Les bonnes adresses regoliennes

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