La problématique de la plaquette de beurre

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©C. Gomez

Quand on ouvre le papier, la grande question est : comment attaquer la tablette de beurre? Ratisser le dessus, attaquer par le côté, laminer les rainures comme les bardes des turbots, lisser le pavé???? C’est là, dès le petit déjeuner, que se réveillent les vrais TOC des uns, l’histoire familiale des autres, les habitudes des derniers. C’est comme le thé ou le café le matin, la manie du couteau sur le beurre se transmet de génération en génération. On répète le geste que l’a toujours vu. On fait sa crise d’ado en détruisant le joli parallélépipède, on tranche consciencieusement, régulièrement. Le beurre, il y a les partisans de l’attaque sur les cotés en lamelles et les aficionados du raclage sur le dessus ! Il y a ceux qui le sortent la veille et d’autres qui le gardent au frais le plus longtemps possible.

Je profite des Designer’s Days pour revenir sur le projet de Caroline Gomez. Pour l’exposition Lactescences à la Milk Factory, la jeune designer toulousaine a conçu une plaquette de beurre en porcelaine, épaisse, très onctueuse, une 100% crue glissant le long de son réceptacle assez étroit. Sur le beurrier, la trace de la grand mère de Caroline avec qui elle se disputait le sens de la découpe de la plaquette. Elle raclait des copeaux. Mamie coupait des lamelles bien propres. La motte dans ses différents états est évoquée dans l’objet qui reprend en lui les reliefs des différents coups de couteaux, à dents et lisses. La porcelaine a cette élégance de transmettre les brillances, d’imiter les surfaces, de « décalcomanier » la réalité. Emaillés, biscuités, mats ou brillants, ces contenants qui évoquent leur contenu et les gestes de service emplissent la table d’une cohérence absolue.